-Mardi 14 juillet 2009: 14 Juillet : de la fête de la fédération à la fête nationale mercredi
08.07.2009, 14:00
Dorénavant le 14 juillet, jour de la fête nationale, des feux d'artifice illuminent le ciel dans de nombreuses communes. Ces feux sont suivis des traditionnels bals populaires. Ce jour-là, la foule est en liesse.
La prise de la Bastille en 1789, symbole du régime féodal, ne régla pas tous les problèmes, loin s'en faut. Mais la chute de cet édifice monarchique avec toutes les transformations qu'elle allait engendrer, se devait d'être célébrée avec éclat.
L'Assemblée Nationale, entre deux réformes, décréta que l'anniversaire serait marqué par une manifestation de grande ampleur par une Fête de la fédération, dite aussi fête des Français, le 14 juillet 1790. À Boulogne, quelques jours auparavant, un membre du Conseil Général déclara qu'on ne pouvait décemment se réjouir, alors que tant de citoyens souffraient de la disette et que toutes les choses nécessaires à la vie se payaient au prix fort. Sur sa proposition, il fut décidé l'ouverture d'une souscription au profit des pauvres. En deux jours, plus de cinq mille livres, chiffre considérable pour l'époque, furent récoltées. Boulogne pouvait donc pavoiser quand, au matin du 14 juillet, le canon et les cloches des églises annoncèrent la solennité de la journée. La plupart des maisons étaient drapées de blanc et l'hôtel de ville arborait l'un des trois drapeaux qu'elle possédait : l'ancien drapeau blanc aux armes de la France, un autre aux trois couleurs bleu, blanc, rouge ornée d'une cravate blanche, idée ingénieuse "qui semblait, selon Bertrand, former l'allégorie de la Nation, ralliée au panache d'Henri IV "et un troisième, tout de rouge, comme drapeau martial que l'on ne déployait que dans les moments de crise. Le cortège officiel se rendit d'abord à la cathédrale puis, au sortir de la messe sur l'Esplanade où avait été déposé le livre de la loi sur l'autel de la Patrie. Prestation de serment, discours, parade militaire constituèrent le plat de résistance d'une cérémonie où les troupes de la garde nationale fraternisèrent avec le peuple. En 1791, la fête de la Fédération n'eut pas la même solennité. À Varennes, le roi avait été arrêté dans sa fuite et les restes de Voltaire furent transportés au Panthéon. En 1792, le peintre David fut chargé du programme de la journée dans la capitale et 1793 fut entaché par la mort de Marat le 13 juillet. Ce qui aurait dû être un jour de fête fut pour beaucoup un jour du deuil car "celui que l'on surnommait l'ami du peuple était tombé sous le poignard de celle qu'on a appelé ensuite du titre poétique d'ange de l'assassinat". La pluie fut l'invitée surprise en 1794. Une pluie froide, violente parfois qui tomba toute la journée sans discontinuité. Cela n'empêcha pas Robespierre de présider la cérémonie parisienne aux Tuileries. À Boulogne, on discourut et l'on chanta autant que faire se pouvait autour de l'autel de Patrie et l'on écouta avec résignation ou fatalisme la proclamation de la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen "dans les différents quartiers de la ville. C'est que le régime de la Terreur commençait véritablement à s'organiser ; les arrestations se multipliaient provoquées à la fois par le District, la Commune, les comités de toutes sortes et notamment celui de la Société Populaire et Républicaine "foyer d'une démagogie effrénée d'où surgissaient chaque jour, selon Bénard et D'Hauttefeuille, les propositions les plus incendiaires devant lesquelles les autorités constituées ne savaient qu'obéir ". On espère la venue de Napoléon à Boulogne... Il pleuvait encore beaucoup en 1796 mais l'attrait cette année-là, ce n'était plus l'autel de la Patrie et sa cohorte de discours plus ou moins fumeux, mais l'inauguration des courses de chevaux au Champ de Mars, une attraction que la Province s'empressa d'imiter. En 1800, on peut lire dans la France du Nord, "la fête est célébrée d'une façon exceptionnellement brillante. Celui qui, avec le concours de son fidèle Savary, quelques années plus tard, allait rééditer sous une autre forme, les lettres de cachet, Bonaparte pour l'appeler par son nom préside et se fait acclamer. Il pose la première pierre d'une colonne de la liberté en toile ; les grenadiers de Marengo entourent le premier Consul ; vingt-trois drapeaux pris à l'ennemi figurent dans le cortège ". Mais à Boulogne, l'attraction est la présence aux cérémonies de M. Masclé, le premier sous-préfet de Boulogne, une fonction nouvellement créée. E. Deseille qui a consulté sa correspondance administrative écrit à son sujet : "Il semble un Jupiter de petit calibre, au ton sec et cassant ; il fut l'un des transmetteurs des ukases du Premier Empire ". En 1802, les gazettes de l'époque insistent sur le temps glacial. "On se serait cru au solstice d'hiver ". Gros émoi en 1804 car on annonce l'arrivée de Napoléon afin de visiter, pour la seconde fois les préparatifs de la flottille en vue de l'invasion de l'Angleterre. En fait, il ne sera au milieu de la Grande Armée que le 19 juillet. La déception lors des fêtes du 14 juillet fut à la hauteur des espoirs engendrés. La célébration de l'anniversaire de la prise de la Bastille subit donc des hauts et des bas au gré des événements et "des princes qui nous gouvernent ", républicains ou conservateurs. Dès la fin de l'Empire, diverses tentatives se firent jour pour créer une fête nationale qui soit celle de tous les Français sans distinction d'aucune sorte. On était près d'un accord le 30 juin 1878 mais les dates du 14 juillet et du 4 août furent écartées pour ne pas heurter l'opinion conservatrice. Si bien que cette année-là, les Républicains furent les seuls à organiser des manifestations pour célébrer la prise de la Bastille et même temps le centenaire de la mort de Jean- Jacques Rousseau. En 1880 enfin, le 14 juillet fut décrété fête nationale. Les manifestations populaires et les fêtes dans toutes les villes et villages de France montrèrent que le pays avait besoin d'une telle journée commémorative pour le rassemblement du peuple français.
André VERLEY
La Semaine dans le Boulonnais
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